Entretien avec nos champions : Scott Morgan

NOM : Scott Morgan                         
VILLE NATALE : North Vancouver (Colombie-Britannique)
VILLE DE RÉSIDENCE : North Vancouver (Colombie-Britannique)

Quel a été votre premier contact avec la gymnastique?

Quand j’étais enfant, j’étais plein d’énergie et j’aimais tous les sports. En me voyant gambader dans la maison les jours de pluie, mes parents se sont dit qu’un gymnase capitonné serait un cadre beaucoup plus sécuritaire pour moi et m’ont inscrit à un cours de gymnastique récréative. Après quelques mois à peine, le club m’a transféré dans son groupe de pré-compétition pour garçons, et j’ai toujours continué depuis.

Cela fait un bon bout de temps que vous faites de la gymnastique. Qu’est-ce qui a maintenu si longtemps votre intérêt pour ce sport? Pourquoi l’aimez-vous autant?

La principale raison qui me pousse depuis si longtemps à faire de la gymnastique, c’est probablement le niveau de défi de ce sport. Il y a toujours quelque chose à parfaire ou à apprendre. Quand j’étais plus jeune, la gymnastique a été un complément à toutes sortes d’autres facettes de ma vie. Que ce soit pour m’amuser ou pour gagner la prochaine grande compétition, j’ai toujours eu envie de continuer. 

Votre parcours olympique est un peu particulier. Pouvez-vous nous en parler un peu? Qu’est-ce qui vous a incité à vous remettre à la compétition de niveau élite?

Mon entrée à l’école secondaire a changé ma vie. J’avais beaucoup plus de liberté, je faisais toujours de nouvelles rencontres, les possibilités se multipliaient; ça m’a un peu pris par surprise, et ça a changé mon orientation. J’ai fini par m’éloigner de la gymnastique de compétition à 13 ans, pour consacrer mes temps libres à des sports comme le cyclisme et le ski. Je me suis quand même inscrit dans l’équipe de gymnastique de notre école secondaire pour continuer à pratiquer ce sport. Après des années à jongler entre les sports, j’ai compris où se trouvait mon potentiel, et avec l’appui d’un ami proche qui faisait partie de l’équipe de gymnastique d’une école secondaire locale, je suis retourné au niveau élite à 18 ans. Au départ, je n’avais aucune intention de viser le niveau international, mais le côté compétitif du sport m’a incité à faire des efforts pour voir à quoi je pourrais arriver. Évidemment, je pense que finalement, ça valait le coup!

L’an dernier, l’équipe masculine a connu une année plutôt difficile, marquée par des blessures qui ont nui à vos chances de qualification au concours par équipe à Rio. Selon vous, qu’est-ce qui devra se passer d’ici quatre ans pour que l’équipe canadienne se qualifie pour Tokyo?

Comme je l’ai déjà dit, la gymnastique est un sport difficile et compétitif, et la hausse récente du niveau de difficulté à l’échelle mondiale a mis une énorme pression sur notre équipe. Malheureusement, cette pression a été éprouvante pour nos gymnastes, et nous avons subi quelques blessures de trop au cours de notre quête en vue de qualifier une équipe complète de cinq athlètes masculins pour les Jeux olympiques. Je pense que le Canada a toujours eu un avantage : nous adorons notre sport et nous avons des vétérans passionnés qui progressent et qui vont contribuer à motiver et à pousser la jeune génération. Nous avons un vaste groupe d’athlètes de talent qui montent, et je crois que ces jeunes athlètes en pleine forme vont apporter du sang neuf et produire de grandes choses pour cette équipe. J’ai super-hâte de voir ce qui va se passer au cours des prochains cycles.

Quelle a été votre impression en foulant le tapis de sol à vos premiers Jeux olympiques? Un concours olympique est-il très différent des Championnats du monde ou des Jeux du Commonwealth?

Les Championnats du monde et les Jeux multisports sont toujours une expérience inoubliable : on a la possibilité de concourir parmi les meilleurs au monde et de représenter son pays sur la scène mondiale. J’ai l’impression qu’on a un peu tendance à ignorer ou négliger ces compétitions; pour un athlète, c’est tout un honneur que de participer à un événement de ce calibre. Mais contrairement aux Championnats du monde, les Jeux olympiques n’ont lieu que tous les quatre ans. C’est ce qui leur donne un niveau complètement différent : c’est la cerise sur le gâteau. Dès la marche d’entrée, nous avons ressenti un enthousiasme, une pression et une détermination extraordinaires. C’est ce qui fait des Jeux olympiques une compétition unique en son genre et une expérience formidable pour tous ceux qui la vivent.

Décrivez-vous en trois mots.

Attentionné, déterminé, puissant.

Quelles sont vos activités préférées à part la gymnastique (passe-temps, autres sports, etc.)?

Je suis un passionné du vélo de montagne! J’aime toutes sortes de sports, mais comme je vis en montagne et que je n’ai qu’à sortir de chez moi pour me trouver sur des pistes de vélo parmi les meilleures au monde, c’est difficile de passer à côté. Ma journée de congé idéale commencerait par une bonne tasse de café et un déjeuner, quelques tours de piste près de chez moi, puis, pour couronner le tout, une rencontre avec des amis pour une ou deux parties de billard.

En général, la gymnastique masculine ne retient pas autant l’attention que la gymnastique féminine. Pourquoi, à votre avis, devrait-il y avoir plus de jeunes garçons qui pratiquent votre sport? Pourquoi trouvez-vous que c’est un sport formidable?

Quand on pense à la gymnastique, on imagine généralement des compétitions féminines, comme la poutre ou le sol avec accompagnement musical (vous n’avez pas idée du nombre de fois qu’on m’a demandé quelle musique j’utilise pour ma routine!). Je crois que beaucoup de gens ignorent à quel point ce sport est bénéfique en tant qu’outil de développement pour d’autres avenues. Comme les jeunes aujourd’hui ont de plus en plus d’options qui s’offrent à eux, je pense que les gens commencent à comprendre ces avantages, mais c’est sous cet angle-là que je fais la promotion du sport et que j’aborde les jeunes athlètes. Nous constatons de plus en plus que la gymnastique est aussi bénéfique pour les adolescents qui mûrissent et découvrent toute leur force et leur potentiel. Pour les enfants qui excellent dans notre sport et qui apprennent à l’aimer, les possibilités sont infinies, même lorsqu’ils envisagent de s’engager dans une autre avenue. Georges Saint-Pierre en est un parfait exemple!

Vous avez parlé de votre intention de participer aux Championnats du monde de 2017 à Montréal. Pourquoi est-il important pour vous de concourir dans votre pays? Pourquoi les gens devraient-ils venir voir cette compétition?

Une compétition internationale dans notre propre pays, c’est une expérience incomparable. Le pays que nous représentons si fièrement est là, juste derrière nous, à nous encourager dans notre compétition contre les meilleurs au monde. Les Jeux panaméricains de 2015 en ont été un exemple parfait : il y avait une énergie inouïe dans cet amphithéâtre. Les Championnats du monde, ce ne sont pas les Jeux olympiques, mais le niveau de la compétition est à son maximum; c’est vraiment un concours entre les meilleurs au monde. C’est pour cela que je pense que les gens doivent venir voir le résultat de nos années de travail acharné et de notre détermination. C’est aussi l’occasion pour la jeune génération de gymnastes de voir d’autres compétiteurs canadiens concourir sur la scène mondiale, d’avoir une vision de ce qui est possible et de comprendre pourquoi nous menons cette vie, jour après jour, au gymnase.

Quel est le meilleur conseil que vous ayez jamais reçu?

On n’a pas de pouvoir sur les impondérables. Ce qui compte, ce n’est ni les adversaires, ni les juges, ni la foule; c’est la performance qu’on réalise sur le plateau de compétition. Il faut essayer de se vaincre soi-même et non de vaincre la compétition.

– Sean Verret

Citation préférée :

«Le plus grand plaisir dans la vie est de réaliser ce que les autres vous pensent incapable de réaliser.»  

Walter Bagehot